Le Festival : l’idée d’un passionné


Nous en sommes, en cette année 2021, à la 13e édition du Festival Armoricourt. Il s’agit déjà d’une belle longévité qui n’était pas garantie au départ. Mais au fait, quelle a été la genèse de ce Festival ? Vous aimeriez peut-être en savoir un peu plus à ce sujet. Alors effectuons, si vous le voulez bien, un petit retour aux origines.
L’initiative est venue de Jean-Jacques Morvan qui était, à l’époque, en 2008, ingénieur à Alcatel Lannion. Il s’était pris de passion pour le court métrage, un format de film mal valorisé dans le monde du cinéma et trop méconnu du grand public


Un cinéma différent
Et pourtant, l’univers du court métrage recèle de petites pépites. Moins formaté que le long métrage ou le film TV, il permet aux auteurs de s’exprimer plus librement, en dehors des sentiers battus. De plus, ce format est souvent le terrain de prédilection des jeunes auteurs qui s’en servent pour affuter leur talent naissant avec un budget raisonnable.
Ce cinéma différent méritait mieux, en effet, que de rester confiné dans des circuits confidentiels. Réaliser un film, même court est une entreprise difficile. Les « grands média » n’offrant que peu de visibilité au court métrage, il fallait ouvrir une nouvelle fenêtre à ces œuvres.

Et puis, un autre constat s’imposait : il n’existait pas encore de festival de courts métrages dans les Côtes d’Armor. Alors, pourquoi ne pas en créer un dans le Trégor ? Fort de cette conviction, Jean-Jacques Morvan ne tarda pas à parler de ce projet à Jean-Dominique Gauthier, également ingénieur à Alcatel et passionné de courts métrages, ayant lui-même réalisé un certain nombre de petites fictions en tant qu’amateur. Le noyau de l’équipe fondatrice était donc constitué.


Un festival, mais où ça ?
Il fallait trouver un point de chute à ce festival. On pensa tout d’abord à Trédrez-Locquémeau (où résidait Jean-Jacques Morvan) mais la salle des fêtes de cette petite commune n’était pas adaptée pour des projections cinéma de qualité. Très vite, on s’orienta vers Plestin-les-Grèves et son cinéma « Le Douron », doté d’une superbe salle de 180 places. Il semblait que l’esprit d’un tel cinéma associatif était propice à l’accueil d’un festival de courts métrages. Le Douron était d’ailleurs déjà habitué à recevoir d’autres manifestations issues du monde associatif (Dañs Treger, par exemple). En effet, l’équipe de l’ACC, qui gère Le Douron, présidée à l’époque par Michel Le Fournis, fut tout de suite intéressée par ce projet, lequel ne tarda pas à prendre forme. Notons au passage que les premières éditions furent gérées au sein de l’ACC et que ce n’est que récemment, depuis 2017, qu’Armoricourt est devenue une association indépendante, travaillant en étroite collaboration avec l’ACC.


Nom de baptême : Armoricourt
Mais tout restait encore à inventer, on partait de zéro. Notamment, quel nom donner au festival ? Il était important de lui trouver un label qui fasse « tilt ». Après un bref brainstorming, le nom « Armoricourt », qui sortit de l’esprit d’Irène, l’épouse de Jean-Jacques, devint bien vite une évidence. On convint de se limiter à des films de fiction humaine (avec de « vrais gens ») d’une durée maximum de 20 minutes. Il fallut concevoir un visuel et une bande-annonce pour l’appel à films. C’est Vincent Morvan, le fils de Jean-Jacques, lui-même réalisateur de courts métrages, qui s’y colla pour cette édition 1. Par la suite, Jean-Dominique Gauthier assura cette fonction de communication ainsi que, plus tard, la conception de l’affiche. Et puis, on dut concevoir rapidement un site web servant de vitrine au festival. Jean-Jacques s’en occupa.


La sélection des premiers films
En fin 2008, les premiers films candidats à la sélection commencèrent à arriver. Ils nous parvenaient alors sous la forme de DVD et le visionnage s’effectuait, une fois par semaine environ, dans un petit local prêté par une association partenaire, « Objectif-Image-Trégor ». Six personnes ont participé à cette sélection. Sur 150 films reçus, 24 eurent l’honneur d’être retenus par le comité de sélection, dont 8 dans la catégorie « réalisateurs de moins de 25 ans » car il était important de mettre spécifiquement en valeur le travail de jeunes auteurs.

En présence des réalisateurs
Autre aspect fondamental du festival : faire venir sur place un maximum de réalisateurs. Nombre d’entre eux ont volontiers répondu à l’appel, aidés en cela par un défraiement partiel de leurs déplacements. D’autres films locaux, dont ceux du réalisateur Stéfan Le Lay, furent mis au programme hors compétition.


Un jury de professionnels
Mais qui dit compétition dit jury. Il fallait à ce festival un jury de qualité, même si, volontairement, on écarta les films à trop fort budget pour laisser davantage de place à des films aux moyens modestes. Le jury de cette première édition fut composé de José Pinhero, Stéfan Le Lay et Thierry Mile, tous trois réalisateurs, de Michel Gautier, scénariste et de Armelle Bélaundé, journaliste.


La com’ et l’intendance
Un programme fut édité, la presse et les radios locales furent informées, principalement par Jean-Jacques lui-même. Le bureau et les bénévoles de l’ACC/Le Douron se mobilisèrent autour de Michel Le Fournis et Marie-Thérèse Le Pape (qui succèdera ensuite à M. Le Fournis à la présidence), pour assurer le bon fonctionnement de l’organisation au niveau du cinéma. L’Office Culturel Municipal de Plestin-les-Grèves, représenté au sein de l’équipe par Laurent Latouche, fut également associé à l’événement.

Inutile de dire que, financièrement, le festival était un pari risqué puisque nous partions de rien et que les demandes de subventions n’avaient pas encore été honorées. Nous ignorions encore à quelle hauteur elles le seraient. Mais le coup était parti …


Et le rideau se leva
La première édition vit donc le jour les 21 et 22 mars 2009. Le jour dit, le 21 mars, le projecteur de cinéma numérique, flambant neuf, piloté par Eric Le Pape, s’alluma dans la salle du Douron pour donner naissance au Festival Armoricourt et offrir, en plus des projections, une large place aux débats et discussions qui constituent la marque de fabrique de l’événement. Le slogan du festival est d’ailleurs toujours là pour bien souligner l’esprit d’Armoricourt : « Découvrir des films de qualité et rencontrer ceux qui les font ».


Jean-Dominique Gauthier

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